Prenez la formule de chypré fruité de Miss Dior Chérie, en vous gardant bien de trop retirer de fruits, ajoutez un peu plus de rose (bon, aller, on met de la vraie quand même), sur-dosez le patchouli (comme les premiers tissus en laine et soie importés d'Inde en 1834 en étaient imprégnés pour faire fuir les insectes qui seraient tentés de les grignoter, c'est parfait pour évoquer le "gris" du nom), ajoutez-y un léger "effet oud" orientalisant puis quelques notes ambrées, puis soumettez moi la proposition.
Chez Dior, on a du lire par ci par là que Portrait of a Lady évoque un tissu de dentelle noire, que le patchouli avait une histoire autour de tissus gris, et qu'il ne fallait surtout pas froisser le Moyen Orient pour un parfum vendu 150€. Et comme il est préférable de ne pas se priver du succès de Miss Dior Chérie, autant garder les notes fruitées et reprendre une formule éprouvée. Ca + ça + ça, ça donne Gris Montaigne.
J'aime beaucoup le sillage et l'accent légèrement cuiré, c'est clair, car ce sont un peu "mes notes". Il me rappelle d'ailleurs, par certaines facettes, Jessy's Rose, mon premier parfum, créé pour une amie. Gris Montaigne est donc réussi dans l'ensemble, équilibré et riche, mais franchement, alors que Mathilde Laurent chez Cartier crée une rose-argent avec ses tripes pour Déclaration d'un Soir avec une subtilité et une sensualité très "à fleur de peau" qui lui est propre, chez Dior, on s'inspire et on calibre ! Emballé c'est pesé dans une sorte de Miss Dior Chérie de luxe! Et voilà ...."z'êtes contente m'dame?"
Alors, même si j'avoue aimer le marchandising autour (graphisme, couleurs, style de l'illustration), qui est propre, fin et beau, pour le parfum, autant se tourner vers Juliette Has a Gun (oui Juliette parfois nous le sortons, le gun :-)), dont les parfums sont quasi tous signés de rose chyprée, mais faite, elle, sans doute avec plus de conviction et de sincérité !
Illustration : Dior.
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