vendredi 24 octobre 2014

Nicolaï, 25 ans et de l'élan !

Quand cette maison de parfum totalement indépendante dans ses choix olfactifs, dans sa fabrication et dans sa distribution en France fête ses 25 bougies, c'est aussi l'occasion pour Patricia de Nicolaï et son mari de lancer un livre sur l'histoire de la marque, une nouvelle création inédite et une version intense de New York qui m'a particulièrement marqué. 

Le livre, très bien présenté, retrace l'histoire de la famille, des ancêtres à nos jours, en se tournant même vers l'avenir. Il propose un regard éclairé sur la parfumerie actuelle, sur la création et sur le métier de parfumeur, sur les valeurs de la marque, avec même parfois, quelques clins d'oeil assez intimes sur la vie personnelle de la famille aux commandes, qui se renforce ces derniers temps. 

Cuir Cuba, quant à lui, propose une vision olfactive d'une boite à cigare. Inspiré de l'accord d'ambiance nommé Havane, dans une interprétation plus florale, plus charnelle, Cuir Cuba Intense n'est pas vraiment un cuir à proprement parler, mais plutôt un floral boisé légèrement animal et ambré. Il donne la même impression un peu sèche et âpre que lorsque l'on ouvre une boite de cigarillos vanillés. L'envolée, fraîche, très Nicolaï, s'appuie sur un bouquet floral légèrement fruité et réglissé, qui me fait l'impression d'un bonbon "carensac". Cette envolée contraste avec un coeur assez sec, plutôt aromatique, qui peut faire penser à du café torréfié, à de la noix et à de l'immortelle. Dans le fond, les bois ambrés s'accrochent à la peau tout en gardant cette amertume réglissée finalement assez contemporaine et très originale.

 
New York Intense, lui, reprend la structure du parfum devenu emblématique et parmi les best-seller de la marque, pour en proposer une déclinaison plus appuyée, plus souple dans son évolution, très harmonieusement construite sur le contraste fraicheur-chaleur qui a fait le succès de l'original. On y devine une certaine filiation avec l'Eau Sauvage parfum, surtout sur les notes de fond épicées et cuirées qui se font plus présentes. Les épices et l'effet chocolaté que j'aime beaucoup sont toujours là, et le sillage est tout aussi lumineux et captivant.

Illustrations : parfums de Nicolaï.

dimanche 31 août 2014

News : Dior Homme Parfum, du miel pour les abeilles !




Après de multiples déclinaisons, il est de coutume dans les travaux demandés à François Demachy de livrer sans doute des versions consensuelles et le plus "grand public" possible, tout en conjuguant les habiletés du marketing qui consistent à vendre une formule un peu moins chère à fabriquer plus cher sur les rayons. De plus, en ayant repris la mains sur tout ça, on ose imaginer les économies d'échelles que réalise la maison. Bref, je me rends compte qu'aujourd'hui, quand je découvre un nouveau Dior, je n'arrive pas à me retirer ces notions de la tête : je pense économie, argent, rentabilité, franchise à faire vivre, et le parfum me les rappelle. 

Dior Homme Parfum, c'est doux, c'est neuf, et c'est lavé avec Mir Laine : bien ficelé, parfaitement exécuté, on pourrait même être séduit naïvement par tant d'exactitude dans la note et le propos, tant cet accord de cuir, d'iris, de notes boisées, accentué d'un effet miellé s'avère séduisant. Mais ni l'intensité, ni la tenue, ni l'originalité n'est supérieure à l'eau de toilette, qui garde un caractère plus marqué, paradoxalement, mais qui était sans doute trop poudré, trop iris pour monsieur tout le monde. Dior Homme Parfum est peut être la meilleur version de la gamme, en tout cas c'est pour moi la plus équilibrée, mais elle apparaît comme un Dior Homme passé à la machine pour plaire au plus grand nombre. C'est beau, bien foutu, et la seule chose qui a bien augmenté, c'est le prix, car on est au dessus de 100€. Marketing, marketing, marketing. 

Du miel, pour les abeilles, Dior Homme, que j'aime pourtant, tellement tout cela m'énerve !
peut être, mais franchement, à nous prendre pour des larbins incapables de comprendre certains mécanismes, "éthiquement", je n'ai pas envie de porter du Dior, et même

Sur l'illustration, une version n'est pas (encore??) commercialisée en France, l'Eau for Men, sans doute plus aromatique. Vous voyez, tout ça, c'est pour nous faire plaisir, il FAUT qu'il y en ait pour tous les goûts, mais surtout, n'oubliez pas d'y laisser des deniers, et de référence chez Sephora !

Illustration : Dior

samedi 2 août 2014

News : Reveal révèle une belle aura.

Pourquoi faut il que lorsqu'une belle surprise se présente à votre nez, vous imaginiez tout de suite que le parfum ne marchera qu'un temps à cause... du flacon ? Reveal, la nouvelle fragrance féminine de Calvin Klein avait tout pour plaire, même le flacon, mais en photo uniquement (sur la pub). Quand vous découvrez l'objet en vrai, c'est une horreur, ça fait cheap et c'est vraiment très moche !

C'est d'autant plus dommage que pour une fois, le parfum se tient avec une proposition assez originale, qui sans être révolutionnaire, est une assez belle surprise. Dans la lignée de Encounter qui jouait sur les notes d'alcools forts, Reveal poursuit la voie en empruntant la route du rhum. Ainsi, c'est un assez joli cocktail bien balancé de baba au rhum, de vanille-coco, de crème solaire qui fait presque Grand Marnier par certains aspects qui se révèle. Le sillage est magnétique et solaire, renforcé par le mimosa et quelque chose qui me fait penser au glaçage des marrons. Contrairement au flacon, l'ensemble fait assez chic, très "soirée d'été au soleil avec la peau bronzée", et contrairement à toute la flopée de floraux fruités nunuches où même Chloé se vautre avec Love Story (déception totale d'ailleurs pour cette marque qui avait une identité), Reveal s'avère surprenant et bien fait ! A découvrir !

Dommage, le succès sera sans doute gâché par ce flacon digne des rayonnages d'un supermarché dans la vraie vie !

Illustration : Calvin Klein.

lundi 14 juillet 2014

News : une nouvelle intensité chez Chanel.

Si vous n'aviez pas adhéré aux premières versions des deux derniers grands lancements de Chanel, il se pourrait bien que votre curiosité soit de nouveau attisée par deux nouvelles déclinaisons. Coco Noir et Bleu intensifient leur parure pour réconcilier leur forme olfactive avec profondeur, noblesse des matières et élégance, le premier, en extrait de parfum, le second, en eau de parfum. 
C'est un peu mon cas, je suis curieux, et je dois avouer que ces deux évolutions des formules d'origine déploient une artillerie autrement plus convaincante. 

Dans Coco Noir, c'est une note d'encens que je sens, qui donne du liant et du montant, twistée par un patchouli captif, de belles notes poivrées épicées qui font le lien avec Coco et un fond intense boisé-ambré relevé de muscs modernes. La trame, la signature Chanel, que l'on retrouve quasiment en lien dans toutes les créations récentes est bien là, avec son jasmin lumineux, sa rose crémeuse et ici, une petite pointe de géranium, qui dévoile un peu de piquant et de fruité et dont Chanel s'applique à cultiver les variétés les plus odorantes du coté de Grasse.

Bleu, lui, joue avec le noir dans un fondu beaucoup plus subtil que ce que propose l'eau de toilette. Je ne peux m'empêcher de penser que si l'on considère que l'Homme Idéal de Guerlain n'est pas trop mal, Bleu, lui aussi, doit alors avoir sa chance avec cette eau de parfum, qui met l'accent sur les notes chaudes et intenses de la formule, développe des facettes un peu fruits-noirs, lactées et un boisé plus fondu. La sensation est plus charnelle, plus tactile, plus magnétique que pour l'eau de toilette. Je dois avouer que le sillage est assez chic et sur peau, un effet salicylé très confortable et une certaine filiation avec Allure Homme par les notes de griotte, de vanille et de tabac blond devient plus évidente. Allure Homme n'était il pas une référence ? 

Ces deux là ne sont sans doute pas encore des parfums pour prefumistats, mais indéniablement, leur modernité est signée, leur traitement apparait qualitatif et Chanel marque ainsi son territoire sur le terrain de l'élégance contemporaine.

Illustrations : Chanel.

lundi 7 juillet 2014

Actu : le passé revient dans le viseur !

Depuis quelques temps, la parfumerie bouge aux sons du passé. Il est étonnant de voir l'engouement que suscite la renaissance de parfums nés entre 1920 et 1950, qui retrouvent aujourd'hui une seconde jeunesse.

Guerlain, le chef de file regarde reformule quelques parfums emblématiques de son histoire et les propose à sentir dans sa boutique historique. Même s'il n'est plus envisageable de les vendre tel que, ils véhiculent des valeurs très chères aux amateurs intéressés qui feront l'effort de les sentir et témoignent d'un héritage précieux, de techniques et de matières qui apportaient leur effet sans contrainte. Le moins que l'on puisse dire, c'est que la parfumerie actuelle est très loin de tout ça !

Jean Patou, avec une philosophie enfin retrouvée de ce qui faisait l'essence même de la marque, revisite sous le regard bienveillant et exigeant de son parfumeur maison Thomas Fontaine, de grand classiques qui ont marqué son histoire : Chaldée, Patou pour Homme et l'Eau de Patou en étaient les premiers témoins, très prochainement, ils seront rejoints par Deux Amours, un floral boisé léger et aldéhydé, Que Sais Je?, une rose chyprée moussue, et Adieu Sagesse, un gardénia à la fois fin et opulent.

Chez Caron, ce sont Parfum Sacré, Nocturne, Aimez Moi qui reviennent sur la scène, dans de très jolies et très fines reformulations, qu'il faut absolument tester sur peau, aux cotés de parfums d'inspiration plus actuelle. Pourtant, Poivre, Tabac Blond, Farnésiana sont toujours disponibles et bien qu'un peu "lavés" quand même, il restent les gardiens d'un temps finalement pas si révolu.

Volnay, de son coté, renait se ses cendres avec un nouvel élan, mais le parti pris ici est de ne pas trop regarder les formules anciennes, mais plutôt de s'en inspirer pour faire revivre une gamme plus dans l'air du temps, avec, selon moi, un très joli Brume d'Hiver, un sensuel et très doux Perlerette et un troublant Yapana.

Le Galion retrouve une vraie noblesse et une raison de vivre, dans un travail mené avec talent et une fidélité rare aux parfums d'origine, et ce, malgré l'IFRA. On ne peut qu'applaudir l'initiative et l'encourager, et la mayonnaise semble déjà bien prendre. 

Enfin, Courrège pourrait bien créer la surprise en relançant Courrège in Blue, qui avait des adeptes, mais qui a trop vite disparu. Il nous revient, renouvelé et reformulé "conforme", et c'est pour très bientôt.  

Et oui, le passé n'est plus dans rétro, mais passe dans le viseur ! 

Illustrations : Guerlain, Jean Patou, Le Galion, Volnay

mardi 3 juin 2014

News : l'Homme Idéal de Guerlain : si c'est un mythe, alors, et finalement ?

Le mythe de l'homme idéal fonctionne sur ce principe : vous vous faites toute une idée de ce qu'il pourrait être que vous placez la barre tellement haut que vos attentes sont difficiles à combler.

Un soir, alors que vous arrivez la tête pleine de joies et d'enthousiasme à une soirée où il y a plein de monde, vous vous dites qu'il sera peut être là. Dans un élan que vous maîtrisez à peine, celui dont tout le monde vous parle se présente à vous mais ne vous provoque qu'un léger enthousiasme, assez loin de "votre idéal". La soirée se passe, vous discutez, vous regardez, vous vous intéressez autour de vous et petit à petit, vous vous apercevez qu'il ne vous laisse pas indifférent, qu'il est bien là, avec une personnalité propre, lui, que vous trouviez un peu "banal". 

Alors, même si vous voyez bien qu'il n'a que la moitié d'un million en poche, un peu de bleu dans les yeux, et qu'il joue un peu trop le mâle au masculin à votre goût, vous vous laissez charmer par une douceur venue d'ailleurs, rassurante, presque gourmande, qui s'orne d'une trame fougère verte-menthée-coumarinée qui résonne avec son frère Guerlain Homme Intense. Et vous vous dites que finalement, cet être pas vraiment parfait à vos yeux a tout de même un peu d'allure et peut se révéler très agréable au quotidien ! 

C'est peut être ça l'idéal, celui auquel on s'attache lentement et qui vous charme par un "je ne sais quoi" de personnalité propre et de caractère, tous les jours, parce qu'il est vrai, bourré de qualités simples et fidèles à son esprit.
Ma part d'humilité est de reconnaitre que même loin de ce que j'attendais de ce qu'aurait pu faire la marque à mes yeux, il dévoilera ses qualités réelles comme ont pu le faire Coriolan et Guerlain Homme dont j'ai appréciés les qualités intrinsèques avec le temps. L'Homme Idéal se révèle finalement très Guerlain, enveloppant, moderne, qualitatif et ... très attachant ! Et quel concept !

lundi 2 juin 2014

News : Baiser Volé Lys Rose à la conquête du monde ?

 
Et voilà, on ne voudrait pas le croire que la réalité nous aurait déjà rejoint : le marketing a du, encore une fois, frappé et eu raison d'une esthétique et d'un style qui commençait à s'installer, à se voir et à se distinguer avec La Panthère, Déclaration d'un Soir et Baiser Volé !

Baiser Volé Lys Rose cache, sous une envolée de lys bien réalisée, plutôt réaliste et agréable, une réalité qu'il faut prendre le temps de laisser se dévoiler, et que j'aurais aimé ne pas voir : un banal floral fruité un peu shampoingnesque (muguet, fleurs blanches, mangue, passion) que l'on a déjà vu et revu, qui fait un peu penser à Very Irresistible, comme si Cartier, malgré les choix exigeants d'avoir un parfumeur maison qui tente d'imposer un style, se sentait obligé, lui aussi, d'avoir son parfum rose bonbon qui plait partout. 

Un floral-fruité gentillet histoire d'aller chercher vers Tokyo, Time Square, Francfort, Moscou et un peu partout dans le monde, et de capitaliser sur un nom. Paris lui préférera sans doute l'original, qui commence à se sentir, tout de même ! Dans ce lys rose, même la trame de Baiser Volé semble être passée à la trappe. Voilà qui est bien dommage ! 

Illustration : Cartier